A ceux qui la pensaient disparue, avec son texte au succès retentissant, Joseph Ponthus est magistralement venu rappeler qu’il y avait encore une classe ouvrière aujourd’hui et quelles étaient ses conditions de vie. Usines d’agroalimentaire, missions par intérim, dans un récit autobiographique en vers libres, À la ligne fait vivre de l’intérieur le quotidien d’un ouvrier contemporain dont le récit est traversé par un grand talent d’écrivain. Un seul en scène à la fois rude et lumineux.
Joseph Ponthus était éducateur spécialisé en région parisienne. Puis, pour y suivre sa femme, il est entré en intérim dans des usines du côté de la Bretagne. En 2019, À la ligne était son premier texte publié et a connu un succès retentissant, ponctué de plusieurs prix littéraires dont celui du Grand Prix RTL/Lire. Dans un récit autobiographique en vers libres, il y pousse la porte de ces usines souvent invisibilisées, celles où l’on abat, découpe, emballe la nourriture, celles où l’on s’abîme le corps et où l’on s’épuise dans des missions d’intérim mal payées. Loin d’être misérabiliste, le récit de Ponthius éclaire au contraire d’une lumière intense et puissante ces vies de travail à la chaîne dont on ne parle plus. Michel André les met en scène dans le même esprit en confiant les mots de Ponthus à Julien Pillet, seul au plateau, entrecoupant son âpre récit de chansons populaires.
Joseph Ponthus est mort en 2021 à Lorient, à l’âge de 42 ans, d’un cancer, alors que son livre connaissait un grand succès. Michel André a fondé la Compagnie de la Cité avec la cinéaste documentaire Florence Lloret. Basée à Marseille, elle s’est avant tout consacrée, depuis sa création en 1994, aux écritures du réel auxquelles elle consacre une biennale depuis 2012.