Elle a le visage sombre. Un regard noir. Un regard de vengeance… Avesta, jeune Yézidie kurde, est une survivante. Elle sort tout droit de l’enfer de Daech, avec l’enfant qu’elle porte. Un enfant non désiré. Les flammes, elle les porte en elle, Avesta, tandis qu’elle débarque à Bruxelles dans ce centre de réfugiés. La colère la brûle. Des flammes qui menacent de tout dévorer…
« Vous êtes ici maintenant. » « Mais pas ma mère. Pas ma sœur », répond-elle. Sur le corps d’Avesta, des traces de torture sont découvertes. Elle a aussi des traces invisibles, qu’elle traîne depuis là-bas. La jeune femme porte la charge de ceux que l’on n’entendra plus. « Qui se rappellera des autres, de tous les autres ? »... L’enfant à naître ? Elle l’a emmené jusqu’ici parce qu’il est une preuve, dit-elle. Car désormais, une seule pensée la guide : se venger de l’homme qui l’a réduite en esclavage. La caméra de la réalisatrice kurde Binevsa Bêrîvan épouse les silences, sculpte les gestes : retisse la confiance, la sororité avec des femmes de rencontre. Un premier long-métrage tout en délicatesse et en ellipses, le portrait sensible d’une âme pure consumée par la rage.
Née à Istanbul, d’origine kurde, Binevsa Bêrîvan arrive en Belgique en 1997 en tant que réfugiée politique kurde. Dès lors, elle choisit le cinéma pour s’exprimer, pour parler des minorités, des réfugiés politiques, des sans-papiers, des femmes. Après des études à l’école de cinéma INRACI de Bruxelles, elle réalise plusieurs courts métrages : La mélodie du petit château, Phone Story et Guards, ainsi que le documentaire Trace – Le peuple du Paon. La vierge à l’enfant est son premier long métrage.